Prototyper dès le cahier des charges ? Oui, 100 fois oui.

Le , par Élie Sloïm - Qualité Web

Avertissement : cet article a été publié en 2017. Son contenu n'est peut-être plus d'actualité.

J’ai eu l’occasion récemment d’échanger sur Twitter avec Laurent Demontiers, ergonome et designer d’information (@l_demontiers) . Le sujet de nos échanges : faut-il créer un premier prototype, même basique, au moment de la rédaction d’un cahier des charges ?

A mon sens, le prototypage en amont permet au maitre d’ouvrage d’élever sa réflexion, de se poser les bonnes questions, de lever des ambiguïtés, et de prévenir des risques d’incompréhension de la part des différents intervenants. Pour ces raisons et d’autres que j’exposerai en détail dans ce billet, je réponds donc sans hésiter : oui, faites des prototypes le plus tôt possible.

A quoi sert un prototype ?

Il sert à vérifier la pertinence de l’architecture de l’information, à tester des principes de navigation mais aussi à valider la nature des contenus et des services et la façon de les mettre en œuvre dans une interface Web.

L’immense majorité des clients que nous rencontrons et qui souhaitent que nous rédigions leur cahier des charges ont quelquefois, mais pas toujours, leurs propres idées des contenus et services qu’ils veulent voir implémenter dans leur futur site. Ils ont au mieux quelques idées de ce qu’ils souhaitent obtenir comme architecture de l’information, comme navigation, et comme contenus et services. Souvent, ces idées et attentes sont très imprécises et notre rôle est justement de les affiner, de les organiser, de les formaliser et de leur faire valider.

Prévenir les risques

Le travail d’accouchement et de formalisation de ces éléments d’entrées dans le cahier des charges n’est pas facile. Il existe de nombreux risques :

  • Définir une architecture à plat (simple listing des rubriques et sous-rubriques), c’est bien. Mais rien ne remplace la mise en situation dans un prototype semi-fonctionnel : si l’architecture envisagée dans un cahier des charges n’est pas pertinente, un prototype permettra de s’en rendre compte bien plus facilement.
  • Un prototype permet de vérifier rapidement la pertinence de ce qu’on imagine, beaucoup plus concrètement qu’à partir d’un simple texte descriptif.
  • Décrire l’ensemble des éléments nécessaires à la navigation n’est pas simple. Le dessiner l’est beaucoup plus. Tous les éléments attendus, implicites mais non formulés parce que trop longs à écrire vont entraîner une multitude de risques de surcoûts qui sont évitables grâce au simple dessin d’un aperçu d’écran.
  • Les exigences fonctionnelles décrites dans les cahiers des charges sont souvent mal comprises des prestataires, très souvent pour des raisons de vocabulaire. Un prototype permet de lever un grand nombre d’ambiguïtés.
  • Un prototype permet de vérifier très facilement que de nombreuses bonnes pratiques qualité, ergonomie, et accessibilité seront respectées.

Pour quoi faire ?

Tous les risques que je viens de citer peuvent avoir une incidence majeure sur le cadre de la mission, sur les contraintes, et sur l’évaluation du travail à mener par les prestataires.

Dans un billet publié suite à notre échange sur Twitter, Laurent Demontiers écrivait : Un cahier des charges est un référentiel dont l’objectif premier est de préciser le cadre et les contraintes de la mission. Un cahier des charges permet aussi et surtout d’évaluer les propositions commerciales de prestataires sur des bases communes.

En réalité, prototyper dès le cahier des charges n’aide pas à évaluer les prestataires, mais le bénéfice est ailleurs : le prototype aide le maître d’ouvrage et le futur maître d’œuvre à se comprendre et permet de faire en sorte que les propositions commerciales soient plus précises, mieux chiffrées, plus pertinentes et donc plus faciles à évaluer et à comparer.

Quelques précautions

  • Il n’est pas forcément nécessaire de remettre le prototype avec le cahier des charges. Le premier rôle du prototype est d’aider le rédacteur du cahier des charges à valider la pertinence et la faisabilité de ce qu’il écrit.
  • Les prototypes utilisés en conception peuvent être joints au cahier des charges ou remis ultérieurement au prestataire qui aura été choisi.
  • En aucun cas les prototypes produits au stade du cahier des charges ne doivent être définitifs. Une phase de prototypage « fine » doit être effectuée ultérieurement, si possible par des professionnels. Elle servira à préciser les choix en fonction du budget validé.
  • Si les prototypes initiaux sont bons, il sera lors possible de les améliorer et de les creuser, s’ils sont mauvais il sera possible de s’y appuyer pour en étudier les défauts et prévoir des solutions alternatives.
  • En tant qu’assistant, si vous avez la possibilité de travailler en direct avec votre client, c’est encore mieux.

Vas-y Gribouille ;-)

Créer un prototype au moment de la rédaction du cahier des charges est une mesure de prudence, de prévention des risques. Chaque minute investie sur du prototypage au moment du cahier des charges est une minute rentable.  Essayez, vous ne pourrez plus vous en passer.

Produire un cahier des charges sans dessiner au moins quelques aperçus d’écran me semble pour le moins dangereux. Une interface homme machine, finalement, ça se dessine, ça ne s’écrit pas.

Note : merci à Muriel de Dona et à Laurent Denis pour le coup de main sur ce billet.

Note 2 : au fait, moi c’est @eliesl, si vous voulez me suivre sur twitter ;-)